Petit dej’ en Inde : une matinée chez nos épiciers préférés…

Aujourd’hui, je vous offre un deuxième aperçu, après le récit d’une journée au temple, de ce que peut être la vie indienne. Samedi dernier, on a été invités à aller prendre le petit déjeuner chez nos épiciers préférés. Deepak et Nittin sont frères et ils tiennent ensemble la petite épicerie (bon, il faudra que je vous explique à quoi ressemble une épicerie en Inde) en bas de chez nous. On les voit tous les jours, Jon discute Cricket avec eux et ils sont vraiment sympas. Ils partagent ensemble une maison avec leurs femmes et enfants respectifs. Enfin… le « respectif » est assez relatif. Quand on a demandé à Deepak combien d’enfants il a, il nous a répondu 4 ! En fait, lui et sa femme ont deux enfants, et Nittin et sa femme en ont deux également. Mais comme ils vivent et élèvent leurs enfants ensemble, ils considèrent tous les deux qu’ils ont en fait quatre enfants. Espérons qu’ils ne partagent pas leurs femmes de la même manière…

Le Californien et Deepak dans l’épicerie (cela vous donne un petit aperçu) (la photo a été prise au retardateur, d’où le cadrage approximatif  mais je l’aime bien comme ça !).

Bref, rendez-vous fut pris samedi dernier à 11h. Jon et moi sommes allés acheter quelques pâtisseries avant de nous rendre à l’épicerie. Deepak nous a conduit chez eux et nous avons été accueillis COMME DES ROIS par les deux femmes et les quatre enfants (Deepak et Nittim étaient occupés à l’épicerie). Le petit regardait le Ramayana en dessin animé à la télé, les femmes n’arrêtaient pas de me dire que je suis trop belle et que je ressemble à une indienne (compliment ultime pour moi), et les deux grands faisaient la traduction.

J’ai vraiment aimé le mélange équilibré de tradition et de modernité qui règne dans cette maison. La plus grande fille, Deepanshi, a 16 ans et c’est vraiment une « badass ». Elle portait un jean, un t-shirt un peu rock’n roll et un collier avec un pendentif en forme de guitare. Elle nous a dit que plus tard elle voulait faire de la politique, qu’elle n’était pas du tout pressée de se marier et qu’elle ne voulait pas être femme au foyer, dépendre de son mari et devoir constamment lui demander des sous. Au contraire, elle a même bien l’intention d’être supérieure à son futur mari ! Elle disait tout ça devant les deux mamans qui portaient le traditionnel sari et qui pourtant souriaient, voire même approuvaient… Ce ne devait pas être la première fois qu’elles entendaient ce discours. Plus tard, quand en privé, j’ai demandé à Dipanshi si elle avait un « boyfriend », elle m’a répondu que non car son papa ne l’autorise pas. Mélange d’ambition, de modernité, de tradition et d’autorité… Ce n’est pas la première fois que je rencontre ça dans mes échanges avec de jeunes indiens.

La femme de Nittin, la femme de Deepak (ou l’inverse ?), moi (franchement, vous trouvez que j’ai l’air d’une indienne ou pas ?) et Deepanshi. 

En Inde, il arrive souvent que les enfants et les hommes s’attablent pendant que les femmes font le service. Elles mangeront plus tard, quand toute leur petite famille sera rassasiée. Là, nous étions les deux seuls attablés et les deux femmes ainsi que Deepanshi faisaient le service. On avait vraiment l’impression d’être traités comme des rois ! On a eu d’abord quelques biscuits à grignoter et des tasses de chai, bien sûr. Ensuite on nous a servi un aloo paratha chacun… puis un deuxième… puis un troisième… Et je crois même qu’un quatrième était en chemin mais on a réussi à le faire rester en cuisine, ouf, parce que je n’en pouvais plus ! En Inde, on vous ressert, encore et encore, jusqu’à ce que ça soit la dixième fois que vous dites « stooop, I’m full ». Il faut faire preuve de patience, de persévérance et de persuasion !

Les aloo paratha sont des espèces de pains ronds et plats fourrés aux pommes de terres, oignions et épices. Ils sont servis avec du yaourt, censé apaiser la bouche entre deux bouchées épicées, et différentes sortes de « chutney » qui sont des petits légumes marinées dans du vinaigres ou différentes sauces épicées. C’est absolument délicieux mais après trois aloo parata on commence à se sentir un peu lourd.

Les parathas !

En prime, on nous a fait visiter la maison, on m’a décoré d’un bindi (ce petit rond que vous pouvez apercevoir sur mon front au-dessus), on m’a offert un collier, on nous a acheté des glaces, et même, avant de partir, on a eu droit à un petit cadeau : des espèces de soucoupes pour la cuisine. Bon, je ne sais pas trop ce qu’on va pouvoir en faire, mais c’est tellement gentil que j’ai cru que j’allais me mettre à pleurer d’émotion !

Quand on nous dit qu’en Inde, l’invité est considéré comme un Dieu, ce n’est pas une blague…

Cette matinée avait une saveur d’autant plus particulière que l’on part lundi. On quitte notre quartier, nos voisins, notre super propriétaire, tous les commerçants qu’on voit chaque jour et qui se sont habitués à notre présence. A chaque fois qu’on se balade dans le quartier, on se retrouve à dire bonjour à 50 personnes, et même parfois on est salué par des gens qu’on ne connait pas mais qui eux, forcément, nous connaissent ! Evidemment, les petits blancs du quartier ont été bien vite repérés. On se dit que si on restait plus longtemps, plus de quatre mois, on aurait vraiment pu s’intégrer dans le quartier, se faire de vrais amis, être invités partout (le plus important, aha)… Cela donne un petit côté amère à notre départ.

Mais on reviendra !