Il faudrait que me lance pour vous livrer véritablement mon regard sur l’expatriation, vous donner des conseils pour vous lancer, vous dire un peu quels sont, selon moi, les points positifs et les points négatifs. Un jour…
En attendant je laisse la parole à Marie qui vit en ce moment à Hong Kong et qui a bien voulu répondre à mes questions sur sa vision de l’expatriation et ce qui lui fait aimer (ou pas !) ce mode de vie.
Hello Marie, peux-tu revenir sur ton parcours d’expatriée en quelques lignes ?
Tout a commencé en 2012 avec un voyage de six mois en Nouvelle-Zélande, qui m’a donné le virus du voyage. A partir de là, j’ai su que je voulais continuer l’aventure. Après quelques mois de retour de France, je suivais mon copain pour une expatriation en Indonésie. Fin 2013, il passe un entretien à Hong Kong. Deux mois plus tard, nous nous marions et filons nous installer dans le 852* (*Hong Kong).
Marie et son compagnon d’aventure, son désormais mari.
Qu’est-ce qui t’a poussé à t’expatrier la première fois ?
Une envie de voir autre chose, d’arrêter de rêver devant la vie des autres, et d’agir. Mon copain venait de dégoter un poste à Jakarta. C’était l’occasion rêvée.
Est-ce que se marier avec son compagnon fait partie des choses qui simplifient la vie quand on est expatrié ?
Oui, c’est d’ailleurs la raison pour laquelle nous nous sommes mariés si jeunes. En Indonésie, j’ai accumulé les visas, perdant beaucoup de temps et d’argent à sortir du territoire et à dénicher des sponsors. C’était aussi beaucoup de stress à chaque fois que je passais l’immigration.
Pour Hong Kong, nous avons donc décidé de faire les choses proprement, en nous mariant. J’ai maintenant un visa dépendant, grâce auquel je peux séjourner à Hong Kong durant toute la durée du contrat de mon mari. J’ai une carte d’identité Hong Kongaise, et j’ai même pu monter ma société ici.
« En terme d’expatriation ‘long terme’ en Asie, Hong Kong est une ville formidable. »
Jakarta et Hong Kong sont toutes les deux des mégalopoles asiatiques, quelle différence majeure vois-tu entre les deux ?
Nous sommes passés du chaos à l’organisation minutée. Ce sont véritablement deux extrêmes. En Indonésie, tout était brouillon, compliqué, emmêlé. A Hong Kong, les gens mettent un point d’honneur à réaliser leurs tâches en temps et en heure.
« Images shootées lors de mes premières heures à Jakarta, impressionnée par ce bordel ‘organisé’. »
Pourquoi avez-vous choisi de vous installer à Hong Kong ?
Nous avions le choix entre Hong Kong, Singapour et Jakarta. En terme d’expatriation ‘long terme’ en Asie, Hong Kong est une ville formidable. Cosmopolite, occidentalisée, avec un potentiel fun/sport/party énorme. Et surtout : un hiver. Singapour aurait pu être une base formidable également, mais nous tenions à voir défiler les saisons.
Un an plus tard, cette ville te plait toujours autant ?
Après six mois, j’y ai découvert ses travers, notamment son interminable et très humide été… Et j’ai appris à vivre avec en découvrant ses magnifiques plages. Cette ville me fascine toujours autant, je m’y sens chez moi, et pourtant je joue toujours la touriste, visitant temples et villages, guide à la main. Il faudra encore quelques années avant que je m’ennuie ici !
Concrètement ça se passe comment pour trouver un emploi quand on arrive dans une ville comme Hong Kong où on imagine que la concurrence est vraiment rude et qu’il y a déjà plein d’expatriés dans le même cas que toi ?
Etant Freelance, je n’ai pas eu besoin de trouver un emploi, mais de nouveaux clients. Ce qui est beaucoup plus simple, avec la grande communauté d’expatriés présente ici, et la bouche-à-oreille.
Il y a énormément de français qui débarquent en quête d’un emploi. Généralement, ils mettent en moyenne six mois à trouver. Il y a beaucoup de concurrence effectivement, mais également de nombreuses sociétés françaises qui recrutent des français…
N’importe qui peut venir à Hong Kong et chercher un travail ? Il ne faut pas un visa spécial ?
Il est possible d’obtenir un Working Holiday Visa pour Hong Kong. Il est normalement interdit de le transformer en Working Visa, mais tout est négociable… L’idéal reste le visa dépendant : la société de mon mari le finance. Si un employeur veut m’embaucher, ça ne lui coûtera rien.
« Quand on s’expatrie, on vit pour le voyage. »
Tu n’as jamais le mal de la France ?
Etonnament, je n’ai pas le mal du pays. C’est pourtant la première fois que je quitte la France pour une si longue durée (plus d’un an). A Jakarta, après trois mois, la France me manquait.
La situation est très différente ici. Nous avons énormément de visites de France : des amis en business trip, d’autres en escales, ou tout simplement en séjour chez nous. Cette ville intrigue beaucoup de monde ! De plus, il y a une grande communauté française ici (20 000+ français déclarés). Et on trouve tous les produits que l’on souhaite, en y mettant le prix.
Qu’est-ce qui pourrait te décider à retourner t’installer en France ?
J’adore ce pays, je suis amoureuse de la Provence, et très proche de ma famille. Ceci dit, je ne peux pas m’imaginer retourner m’installer en France aujourd’hui. Quand on s’expatrie, on vit pour le voyage. Tout tourne autour de cela. Il n’y a pas de demi-mesures, on vit à 300%. Tu connais ça !
Si on rentre en France, ça veut dire acheter, accumuler, se sédentariser. Et là, l’effrayant mot “définitif“ pointe le bout de son nez… On serait heureux, mais ce serait la fin du voyage. J’imagine que lorsqu’on fonde une famille, on change sans doute d’idées à ce propos…
Illustration de Marie : Central, Hong Kong.
Est-ce qu’il y a quelque chose que tu aimes particulièrement dans le fait d’être expatriée ?
Cet engouement pour l’aventure. Hier encore nous sommes partis au fin fond de Hong Kong visiter un village de pêcheur perdu, faire une petite randonnée et siester sur une plage. Chaque week-end est une nouvelle découverte.
Les rencontres, aussi.
Et les points négatifs ?
Je n’ai pas eu droit aux sablés de Noël de Maman ! Sérieusement, le point négatif, c’est la distance qui nous sépare de nos proches. On ne voit pas nos neveux/nièces grandir, et lorsqu’on rentrera, ils seront passés des Playmobils et poupées au scooter !
Ceci dit, en contrepartie, nous vivons des moments précieux avec ceux qui nous rendent visite. La plupart du temps, nous combinons les séjours à Hong Kong + un petit voyage ensemble. Le prochain: Hong Kong + Phuket avec ma soeur et son mari. On ne se fait plus nos plateaux-télé-sushis hebdomadaires ensemble, mais on va faire de l’éléphant ensemble en Thaïlande. Ça se vaut, non ?
Comment s’est passé pour toi l’apprentissage de l’anglais ? Le parles-tu couramment maintenant ?
Quand j’ai débarqué seule en Nouvelle-Zélande, je n’avais pas d’autre choix que de m’y mettre. En immersion totale, la progression a été très rapide. Aujourd’hui, je parle anglais ‘couramment’ (c’est un bien grand mot !), mais il y a encore beaucoup à apprendre.
D’ailleurs, pourquoi avoir choisi de rédiger ton nouveau blog en anglais?
Ça fait des années que je blogue et que mes rencontres de voyage, ceux avec qui j’ai partagé toutes ces aventures ne peuvent pas lire mes articles, ne parlant pas français. C’était donc mon challenge que de créer un blog entièrement en anglais. C’est un excellent exercice pour progresser !
Depuis, je découvre une communauté internationale : des Suédois, Américains, Indonésiens, Russes, Hong Kongais, Brésiliens… C’est passionnant, et ça donne d’autant plus envie de parcourir le monde. Pour les curieux, ça se passe par là : www.milesofhappiness.com.
« Pour rien au monde je ne quitterais ce mode de vie. »
Quels sont vos projets à présent ? Vous installer définitivement à Hong Kong, tenter une nouvelle expatriation ou rentrer en France ?
Nos projets changent régulièrement, on ne tient pas en place, c’est maladif ! Ceci dit nous avons trouvé un semblant d’équilibre ici, et nous nous sommes calmés -on se soigne. Nous pensons rester à Hong Kong pour quelques années. Tout dépend des opportunités qui se présentent. Si nous partons, ce sera pour une nouvelle expatriation. Mais il n’y a rien de prévu pour le moment. D’ailleurs, je suis vraiment curieuse de savoir quelle sera la prochaine destination…
Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui rêve de tenter l’expérience de l’expatriation ?
“Tente ta chance !“
Les opportunités à l’étranger sont nombreuses. Ce n’est pas un secret, c’est la crise en Europe. En Asie, ce mot n’existe pas. Il suffit de commencer par une expatriation courte, pour voir si ce mode de vie vous convient. Avant de partir, renseignez-vous sur votre destination, pour vous en faire une idée et ne pas débarquer “en touriste“. Internet grouille de blogs de voyage, c’est une mine d’informations.
Ceci dit la plupart des expatriés qui rentrent en France n’ont qu’une envie, après six mois : repartir (comme toi Joana!). C’est plutôt bon signe, non ?
Te considères-tu comme une nomade digitale (terme qui a l’air tellement à la mode en ce moment !) ?
J’imagine que oui… Je travaille de chez moi à Hong Kong, de la plage aux Gilis Islands, d’un ryokan à Kyoto, de chez mes parents en Provence, de l’avion parfois… Mon bureau est là où je peux poser mon ordinateur. Pour moi, c’est la liberté ultime ! Pour rien au monde je ne quitterais ce mode de vie.
Merci Marie ! Si vous aussi vous avez des questions sur l’expatriation, posez-les dans les commentaires !
Pour aller plus loin :
Découvrez le blog de Marie : Miles of Happiness
Sa page facebook, son twitter, instagram et ses vidéos.
J’ai bcp aimé ce dernier entretien.Marie se pose les bonnes questions.Il est évident qu’on ne vit pas une expatriation de la même manière quand on est célibataire ou en couple et lorsqu’on a des enfants et que ses parents vieillissent….. Si les jeunes enfants apprécient en général les changements,ce n’est guère la cas des ados qui doivent « abandonner « copains,habitudes ….et vous reprochent le moindre déménagement ! Ils avouent ,une fois adulte ,que cela leur a donné une très bonne faculté d’adaptation et qu’ils se sentent rapidement à l’aise un peu partout même si ,sur le coup ,cela n’a pas été facile (histoire vécue)
Je vous envie les jeunes de pouvoir être des « nomades digitaux ». La senior que je suis aurait adoré ! Profitez à fond de ces belles années ,Marie et son mari et toi,Joana ! Bisous.
C’est sûr, ça ne se vit pas de la même manière, on a davantage de responsabilités et d’obligations avec des enfants… Pour autant je pense qu’il est possible de s’expatrier en famille, plusieurs blogueurs nous le prouvent d’ailleurs !
Contrairement à Marie, je ne suis pas nomade digitale. Mon travail me pousse à m’expatrier mais il dépend toujours d’un « lieux », d’un bureau, d’horaires et de collègues
Alors que Marie est complètement libre, du moment qu’elle a son ordinateur avec elle (et bon, qu’elle respecte ses deadlines of course) 
Il y a plusieurs façons de s’expatrier par le boulot… Être nomade digitale en est une.
Avec Richard, vous pouvez tout plaquer et partir en tour du monde !
Bisous
Merci pour ce jolie point de vue de Marie. L’expatriation n’est pas la solution magique pour une meilleure vie. On sait ce qu’on laisse derrière nous , ce que l’on perd ( eh oui le fameux éloignement de la famille, des copains) mais on ne sait pas forcément ce que l’on va gagner ..on le découvre au fur et à mesure . J’habite depuis 7 ans au Maroc. il y a du positif, et du négatif évidemment ..comme partout .. le gros avantage c’est que lorsqu’on a sauté le pas une fois, on peu le refaire ..donc à suivre

Dernier article de Pierre Philippe : Week end Marrakech : séjournez dans une villa de luxe
Merci pour ton message Pierre Philippe !
Tu as raison de dire que l’expatriation n’est pas la solution magique pour une meilleure vie ! Mieux vaut être bien dans sa peau et en accord avec soi-même lorsqu’on se lance dans cette aventure. Vouloir fuir ses problèmes n’est pas une bonne raison de s’expatrier.
Tu as de la chance d’habiter au Maroc ! J’avais eu un énorme coup de coeur pour ce pays, et puis l’avantage c’est que ce n’est pas loin de la France, tout en étant dépaysant !
Je sais bien,Joana, que ton expatriation va être différente de celle de Marie ! Mais internet demeure pour ma génération quelque chose d’extraordinaire et de fabuleux que nous ne pouvions pas imaginer lorsque nous avions 20 ans !
Sérieusement, je pense que cette phrase décrit bien l’expatriation : « Une envie de voir autre chose, d’arrêter de rêver devant la vie des autres, et d’agir. »
En tous cas moi c’est le cas !
Je suis d’accord, il y a souvent cette volonté de prendre sa vie en main. L’expatriation arrive rarement au hasard, c’est le plus souvent quelque chose qu’on a voulu pendant longtemps et fait en sorte d’obtenir.